AMAZON BASHING: LA FAUSSE ROUTE DES LIBRAIRES INDEPENDANTS


    On ne peut que s’étonner du combat mené par les libraires indépendants (entre autres) contre Amazon.

RAPPELONS QUELQUES REALITES

    En 1994 Jeff Bezos fonde une société de vente à distance de livres, Amazon, utilisant les outils de l’internet.
En 1997, à la création du Portail du Livre et alors que la France se gausse du concept internet qui n’allait durer que le temps d’un feu de paille, la société Amazon est introduite en Bourse. Dans les premières années qui ont suivi, nous étions aux premières loges pour voir grandir Amazon tandis que les éditeurs, y compris les plus charnus, ne voyaient aucun intérêt à disposer d’un site.
Nous étions aux premières loges pour voir s’effondrer les uns après les autres d’excellents sites littéraires français, faute de moyens et de soutiens.
De petits éditeurs se sont lancés dans la vente en ligne de leurs publications, sans plus de succès, les aides du Ministère de la Culture ne comportant pas de case « éditeur numérique », lesquels d’ailleurs pouvaient faire de l’ombre aux libraires traditionnels.
Et pendant ce temps Amazon gonflait, gonflait, gonflait, à peine titillé par son challenger hexagonal : la FNAC.

CHAPARDER LES BOTTES DU MECHANT OGRE

    Et voilà que soudain, 20 ans trop tard, au détour d’une pandémie, le libraire indépendant du coin se découvre un concurrent déloyal, Amazon, et rêve de chaparder les bottes du méchant ogre.  Pourtant, en matière de littérature et de fable, qui ne connaît pas la fin tragique de la célèbre  grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf (« la chétive pécore s’enfla si bien qu’elle creva »). Cette soudaine euphorie digitale appelle quelques réflexions :

. La société Amazon est-elle responsable de l’incurie des acteurs économiques, de leurs sponsors publics ou privés, et de leur absence de vision ?

. N’est-il pas prétentieux de vouloir s’aligner sur un mastodonte qui maîtrise son job à la perfection et que rien ne pourra détourner de sa clientèle ?

. N’aurait-il pas été plus judicieux de s’appuyer sur Amazon pour bénéficier de sa force de frappe ou pour proposer une offre différente, originale ?

VRAIS LIBRAIRES?

    L’atout des libraires physiques est de permettre au lecteur de visualiser illico un nombre de livres qu’aucun site internet, ni même Amazon, ne peut proposer sur sa page accueil.
L’atout des libraires physiques est de permettre au lecteur de découvrir un chef d’œuvre planqué au fin fond d’un rayonnage. 
L’atout des libraires physiques est d’orienter le lecteur vers des ouvrages de qualité mais qui ne bénéficient d’aucune publicité, loin des têtes de gondoles.
Or, en jetant un coup d’œil sur quelques sites de libraires indépendants, en dehors de quelques aficionados qui restent de « vrais libraires » dans l’âme on ne trouve que les éternels  mêmes auteurs des grandes écuries littéraires.
Et à ce stade on peut se demander quel est l’intérêt de visiter le site d’un libraire indépendant si celui-ci propose la même offre qu’Amazon sur sa page accueil, sachant qu’Amazon peut procurer LE livre introuvable.