Puis il le congratula pour l’article qu’il venait de publier dans le Web Indépendant, concernant les informations qui avaient été livrées par un certain Christian David Rom.
- Justement, c’est à ce sujet que je voulais m’entretenir avec vous ! Intervint Degat. Vous êtes au centre de cet article monsieur Web !
- Au centre non ! Répliqua Jon Web qui avait plongé les yeux dans ceux d'Héléna Ramos. A la périphérie si vous me permettez ce jeu de mot ! Je n’ai pris part à aucune décision concernant l’objet de votre article !
- Pourtant, on dit que c’est à votre requête que le Président à transféré le laboratoire Aldy au département militaire.
- Le laboratoire Aldy a rempli sa mission ! Répliqua Jon Web prenant place sur le siège situé entre les deux journalistes. Après concertation de l’état major des armées, il a été convenu que les travaux du laboratoire Aldy pourraient intéresser le département militaire.
- A quelles fins ?
- Je vous les laisse imaginer monsieur Degat !
- Vous voulez dire que...
- Vous pouvez supposer ce que bon vous semble. Je n’ai pas à me prononcer sur ce sujet ! Mes compétences sont exclusivement civiles. Je vous offre un verre ?
Philippe Degat accepta. Héléna Ramos n’avait rien dit. Elle semblait hypnotisée par le regard de Jon Web qui ne l’avait pas lâchée un instant.
- Puis-je vous poser une question monsieur Web ?
- Je vous en prie !
- Que pensez-vous, personnellement, de la possibilité qu’il pourrait y avoir à ce que... à ce qu’une armée de robots puisse voir le jour...
- Monsieur Degat, cessez de vous interroger sur mon éventuelle influence dans ce domaine. J’ai bien moins d’emprise que vous ne pourriez en avoir en publiant un article où vous feriez part de vos craintes à vos nombreux lecteurs !
- Vous suggérez....
- Je ne suggère rien ! Vous disposez de votre plume à votre convenance. Et cette plume peut avoir une portée extraordinaire, non ?
Sinatra avait entonné une vieille ritournelle qui parut provoquer un éclair entre les deux tourtereaux.
Jon Web se leva, prit la main d’Héléna Ramos. Il voulait l’entraîner vers la piste de danse.
- Excusez-moi monsieur Degat !
Elle le suivit docilement. Plongé dans ses réflexions, Philippe Degat les observa, enchaînés dans un slow langoureux, les yeux dans les yeux. Une femme d’un âge bien mûr, dansant dans les bras d’un robot à la jeunesse éternelle. Quel couple! L'incommunicabilité entre les hommes et les femmes avait atteint un tel point de non-retour qu’il fallait solliciter la puce même dans le domaine du cœur. Héléna Ramos rayonnait. Elle semblait avoir atteint le bien-être absolu.
Un séducteur. Jon Web était un séducteur qui savait séduire et envoûter ceux qui l’approchaient. L’assurance, la sobriété, un langage direct, des suggestions déroutantes qui déstabilisaient ses interlocuteurs, telle était la panoplie de ses attributs. Ne venait-il pas de l’inciter, intimement, à écrire un article ? Et lui, Philippe Degat ne venait-il pas intimement d’accepter la requête ? Finalement, le robot, à la merci de l’homme, parvenait à asservir ses interlocuteurs, à les manipuler dans le sens de ses désirs. Il ne se contentait pas de livrer la somme de connaissances qui était sienne, il savait analyser et raisonner avec intelligence. Pire, il avait une influence redoutable.
Le couple était enlacé dans une dualité fusionnelle et éternelle.
Héléna Ramos se lovait amoureusement contre son partenaire.
Elle avait tendrement calé son visage contre son épaule. A un moment donné, on eût dit qu’une larme coulait sur sa joue.
Héléna Ramos avait fermé les yeux.
- Jon, murmura t-elle, j’ai appris à vivre dans ce rêve et je suis tellement heureuse.... Si un jour nous étions séparés....
- Si un jour nous étions séparés, il y a un endroit où nous pourrions nous retrouver, un seul endroit!
Chapitre 7 (suite)