Extraits
« Si la liberté des uns s’arrête où commence celle des autres, la liberté de tous s’arrête où commence un privilège de libertés accordé seulement à quelques uns.»
Dès lors qu’est prise une seule mesure liberticide visant à exclure de la société une partie de ceux qui la compose en lui ôtant toute forme de vie normale, cette mesure éloigne du champ collectif la connaissance, l’expérience, la compétence, la vocation, la motivation, la conscience professionnelle et saborde mécaniquement l’appareil productif. De fait, elle constitue un premier pas vers un élargissement progressif à toute la population des privations dévolues à quelques uns et conduit irrémédiablement à bannir d’autres pans de la société. Car rien n’interdit alors, pour protéger l’appareil productif, protéger les productifs, d’exclure les improductifs : étudiants, retraités, chômeurs, invalides, parents au foyer...etc. Puis parmi les productifs de procéder à un nouveau triage entre ceux qui sont essentiels et ceux qui ne le sont pas, excluant ces derniers : intellectuels, artistes, comédiens, juristes, journalistes, sportifs, acteurs de l’événementiel ou des médias... etc.
Ainsi le droit aux déplacements, aux loisirs, à la culture, aux lieux de convivialité, à une vie normale, accordé à ceux qui sont épargnés de la stigmatisation, ne peut que fatalement être remis en question au nom du bien commun, cette notion abstraite suspendue à l’idéologie dominante. Les mesures discriminatoires atteignent d’abord les uns et épargnent tous les autres, avant d’atteindre tous les autres en épargnant quelques uns.
Dès lors qu’il n’y a pas ou plus de garde-fous à la préservation des libertés, dès lors que des mesures liberticides sont placées au-dessus des libertés, dès lors que la constitutionnalité est trahie ou n’est plus protégée, au nom du bien commun, les pires dérives autoritaires sont possibles et l’engrenage qui instaure de nouvelles mesures liberticides n’a plus de limites.»