Comment les Entre-deux "feront" le prochain président
Ils sont un million en catégorie A et peut-être 2 ou 3 millions tous chômeurs confondus. Rejetés par la nouvelle économie qui les trouve trop vieux pour le travail, rejetés par leurs aînés qui les trouvent trop jeunes pour battre en retraite, ces Entre-deux qui n'ont rien connu des 30 glorieuses sont les nouveaux parias de notre société. Les chômeurs de plus de 50 ans. Les seniors en langage poli. Pour seule perspective, on leur promet un suivi intensif via les sous-traitants de pôle emploi, que d'aucuns assimilent à du harcelement patenté, et une division par deux de leur allocation de chômage après 18 mois, pour les inciter à rechercher rapidement du travail dans un univers économique qui n'en veut pas. Et ce avant la misère des fins de droits auxquels ils seront condamnés jusqu'à 70 ans puisqu'ils n'auront pas cotisé suffisamment pour partir à la retraite à 65.
Comme en témoigne Le dernier salaire de Margaux Gilquin, ils sont confrontés au cynisme et aux humiliations : "On peut vous appeler mamie ?", " Comment voulez-vous que je vous demande quelque chose, vous avez l'âge de ma mère"
Les programmes politiques, portant aux nues les travailleurs et la valeur travail, les ignorent et comptent sur leur résignation, leur silence, leur habitude à raser les murs ou se cloîtrer chez eux honteux d'être des zassistés, pour qu'ils s'abstiennent aux prochaines élections. Mais ce bataillon d'Entre-deux, mobilisé massivement, pourrait bien créer la surprise, en entraînant derrière lui la cohorte des futurs licienciés pour cause d'obsolescence et tous ceux que la retraite à 65 ans dès 2017 ne fait pas rêver.