LE REFUS DE L'EDITEUR
Quels sont ses commentaires ?

     Quels commentaires accompagnent le refus d'un éditeur ? En général, l'éditeur ne fait aucun commentaire (mais là encore il faut distinguer les gros éditeurs des petits : plus l'éditeur est petit plus le contact est humain). Le livre est retourné avec une lettre d'accompagnement polie indiquant que "l'ouvrage n'entre pas dans le cadre des collections". Vu le nombre de manuscrits reçus et vu le nombre de courriers de ce type envoyés aux écrivains, on peut se demander si le cadre est bien adapté à la fonction éditorial, s'il ne serait pas un peu trop exigu, ou fixé avec une colle trop forte, bref coincé aux entournures.

     En fait, la plupart du temps, pour éviter de heurter les susceptibilités, l'éditeur se contente de compléter une lettre pré-imprimée très polie où il n'aura qu'à ajouter le titre du manuscrit et le nom de l'auteur. Cette pratique, ressentie par certains comme méprisante, en incombe pourtant à l'auteur, incapable de respecter la décision de l'éditeur, incapable de comprendre que son manuscrit souffre d'imperfections. Entre les manuscrits parsemés de fautes d'orthographe ou de style, les manuscrits tassés par souci d'économie de papier, les manuscrits à dormir debout après la troisième ligne, les manuscrits sans idée originale, sans passion, sans vie, il faut reconnaître que le travail d'un éditeur n'est pas de tout repos.

     Les écrivains qui espèrent connaître la raison du rejet de leur manuscrit en seront pour leurs frais. Peut-être, éventuellement, si le livre a franchi le cap du comité de lecture, auront-ils un courrier plus détaillé, voire un réel commentaire qui pourra leur laisser supposer qu'ils ont un quelconque talent, et qu'en s'accrochant quelques années, ils ont une hypothétique possibilité d'être publiés un jour.

     La majeure partie des manuscrits publiés le sont parce que l'auteur est d'ores et déjà connu, que son nom est une signature de presse, que sa tête a fait le tour des médias.... ou qu'il a été confié à l'éditeur par une bonne relation quelconque.

     Quant aux manuscrits envoyés par la poste, répétons-le, un pour mille a une chance d'être publié. Le tout, c'est d'y croire !